Bonjour petite Marie, et bonjour tous les amis,
Moi, c’est Esteban. J’ai cinq ans pile poil depuis le vingt octobre dernier. Je suis un petit garçon qui du point de vue physique ressemble à tous les autres petits garçons de mon âge, comme tu peux le voir. Bon j’avoue, on remarque quand même que j’ai un petit air très (trop) espiègle, on sent bien en me regardant que la prochaine grosse bêtise n’est pas loin. La vérité, c’est que mon petit souci à moi se passe dans ma tête, et par voie de conséquence dans mon comportement.
A l âge de dix-huit mois, mes parents se sont aperçus que j’étais un peu plus turbulent que les autres enfants. Je ne faisais plus la sieste depuis un bon bout de temps et dormais très peu la nuit. J’étais très agité, bougeais toute la journée, et je parlais déjà comme un grand. Bref, mon développement était vraiment très différent de celui de ma grande sœur et de mon grand frère.
Devant toute cette vivacité, Maman s’est vite sentie dépassée. Alors elle a commencé a en parler autour d’elle. Ce fut difficile car beaucoup lui faisaient clairement comprendre que c’était de sa faute, que c’était une mauvaise maman, qu’elle ne savait pas s’occuper de moi.
Maman a beaucoup souffert de ce regard, et elle a commencé à se remettre en question. Pour les gens, j’étais juste un petit garçon très mal élevé, qui avait besoin de bonnes corrections, et dont les parents n’étaient décidément pas assez autoritaires.
Finalement, pour mes quatre ans, un suivi s’est mise en place avec la MDPH [Maison Départementale des Personnes Handicapées, ndlr]. J’ai alors commencé à rencontrer des spécialistes au CAMPS [Centre d’Action Médico-Sociale Précoce, ndlr] pour faire de nombreux bilans psychologiques, psychomoteurs et ergo. Ces bilans ont révélé que je souffrais de « troubles du comportement avec violence ». Sur le plan du langage et de la logique, on a également découvert que j’avais trois ans d’avance.
Depuis, mes parents font le maximum pour que je puisse vivre comme les autres, et à l’école je suis heureusement accompagné d’une AVS [Auxiliaire de Vie Scolaire, ndlr]. Mais le quotidien est quand même bien compliqué, tu sais. Par exemple, maman m’a inscrit dans un club de foot cette année, mais bon, après trois entraînements, je me suis fait virer.
Evidemment, du haut de mes cinq ans, je souffre de tout ça. C’est quelque chose que je conceptualise très bien depuis mes trois ans : « Je ne sais pas pourquoi je suis comme ça, maman… Pourquoi c’est toujours cette colère qui crie en moi ». Tu vois, Marie, depuis tout petit, je suis capable comme ça d’ouvrir mon cœur à mes parents.
Comme tu imagines, on a donc une vie plutôt rythmée à la maison. Parfois on pleure, mais parfois qu’est-ce qu’on rigole, dans toutes ces situations cocasses ! On nous parle surtout de précocité pour l’instant. On nous dit qu’il ne faut pas trop nous inquiéter. Alors on est dans l’expectative. On attend beaucoup du SESSAD [Service d’Action Sociale et de Soins A Domicile, ndlr] qui me suit, pour voir comment je vais évoluer. Beaucoup de personnes sont maintenant là pour moi et pour mes parents. Grâce à eux, maman a fini par comprendre que tout ça n’était pas de sa faute… Que je suis juste un peu différent… Alors on reste tous confiants. Je suis sûr qu’un jour je trouverai la paix.
Je te souhaite plein de bonheur pour la suite, petite Marie, ainsi qu’à tous nos amis de cette page dont je fais maintenant partie.
Bisous à vous tous !
Esteban (et derrière le clavier, c’est ma maman Elisabeth