Après une grossesse de rêve , c’est le 6/10/20 que j’ai mis au monde notre petite Léa tant désirée et attendue. Mais quelques heures après la naissance, le pédiatre nous annonçait que Léa avait des traits de la trisomie 21
Cette idée m’avait traversée l’esprit lorsque je l’avais entrevue dans la salle de naissance mais cela était tellement inconcevable, ayant eu de bons retours sur les tests, que je suis vite passée à autre chose. Quelques heures après l’annonce, je m’effondrais en pleurs et le début de l’enfer et d’une bataille psychologique venait de commencer Qu’il est difficile de se réveiller chaque jour avec ce paradoxe mental : « je t’aime mais je n’ai pas voulu de toi comme ça » – « Je t’aime mais tu n’es pas celle que j’attendais « . Vous pleurez l’enfant perdu, pour autant ce deuil est le deuil d’un être imaginaire et imaginé. Cela n’a donc aucun sens mais vous pleurez quand même cet enfant qui n’existe pas tout en pleurant celui qui existe. Quelle horreur de regarder son tout petit bébé dormir et se dire « tu ne devrais pas exister ». Cette douleur de ressentir cela en tant que maman est inimaginable et je ne le souhaite à personne ! Puis.. petit à petit, s’occuper de notre fille et lui faire ses soins a créé un lien de plus en plus fort . Comme tous parents, nous découvrions notre enfant au fur et à mesure des heures et des jours et l’évidence s’est imposée par elle-même : bien sûr que nous t’aimons et ne t’abandonnerons pas ?! Il m’était inimaginable de laisser Léa à quiconque et me lever chaque matin en me disant que j’ai placé ma fille par « peur » et par « honte » qu’elle soit handicapée. Je ne suis pas fuyarde face à l’adversité et ma détermination était déjà là, mêlée à mon angoisse et ma tristesse mais là quand même, telle la toute petite flamme d’une bougie ? dans une immense pièce noire. J’oscillais alors entre abattement et détermination, entre désespoir et résilience. La résilience l’a emporté le jour où j’ai su que je n’abandonnerai pas mon enfant et que je l’aimais tout simplement inconditionnellement. Je l’aimais déjà dans mon ventre peu importe à quoi elle rassemblerait alors pourquoi en changer maintenant qu’elle était là . Je l’ai voulue, je l’assume, ce n’est la faute de personne . Du « pourquoi ? », je suis alors passée à la quête de sens . 3 jours après la naissance et après avoir fait une annonce Facebook incomplète sur l’arrivée de Léa, je fus prise d’une énorme culpabilité! Je me disais « tu oses annoncer sa naissance mais pas le reste?! – tu as honte – tu la caches déjà, qu’est ce que ce sera plus tard alors?! » Très mal à l’aise avec ça, j’ai repris l’annonce Facebook et j’ai annoncé la situation de notre fille à TOUS. Je me suis libérée du poids de la honte de départ et cela a été le tremplin pour remonter la pente. Les réseaux sociaux n’ont pas que du mauvais. Les messages de soutien, les connexions avec d’autres comptes de parents d’enfant trisomique ou handicapé, les divers échanges ont été formidables pour s’apaiser. Ne pas se sentir seuls et isolés était déjà important. Parler de Léa, de mon amour inconditionnel pour elle et de notre chemin d’apprentissage est aussi thérapeutique. Sensibiliser le grand public au handicap et montrer à d’autres jeunes parents que ce n’est pas impossible d’être heureux même avec un enfant handicapé est aussi ma nouvelle mission de vie . Je souhaite assumer plutôt que sombrer – agir plutôt que subir. Vous nous retrouverez sur ma page « Je suis Léa, Je suis Licorne » sur Facebook et Instagram. “Le bonheur n’est pas dans le parfait, il est dans le cœur.
Léa nous t’aimons comme tu es. »
Crédit photo : Jadeclain_photographe